
Architecte de formation, Aline Maréchaux est une “fertilisatrice” qui se compare à une abeille butinant entre les projets pour réconcilier les populations et créer un futur désirable valorisant l’identité des territoires. Son ambition : « réconcilier les antagonismes et ouvrir un dialogue fertile entre le passé, le présent et l’avenir des sites vacants et leur territoire ». Entretien – portrait avec notre ambassadrice dans le Val-de-Marne et l’Yonne.
Qu’est-ce qui est malade dans notre modèle économique ?
Il est la traduction visible de notre propre démesure et le reflet de nos ambivalences personnelles !
Pour être plus concrète : un modèle économique « sain » nécessite la MASSIFICATION de l’activité ; or la massification déséquilibre et fragilise, voire détruit, nos écosystèmes naturels. L’ambivalence tient au fait que TOUS souhaitent consommer à bon marché, ce qui nécessite là encore de massifier l’offre pour réduire les coûts.
A cela s’ajoutent nos excès d’appétit… de biens pour les consommateurs, et de revenus les actionnaires.
Qu’est-ce qui t’a amené à t’engager dans la transition juste ? Un déclic ?
J’y suis depuis mes débuts d’activité professionnelle, à cheval sur les enjeux sociaux et environnementaux, et c’est avec plaisir que je vois cette convergence à l’oeuvre aujourd’hui !
Que fais-tu aujourd’hui, professionnellement, pour faire avancer une transition juste ?
J’accompagne les propriétaires de sites vacants ou porteurs de projets, publics ou privés, dans le montage de projets de territoire comprenant des activités riches socialement et équilibrées économiquement.
Au-delà :
– Je viens de lancer une association visant à « précipiter » la transition : Avoir Lieu.
– Je suis bénévole à Epop& (Institut des Futurs Souhaitables), au sein de l’opération Milliard et dans mon association de village.
– Je participe à la création de récits, j’ai engagé des « manifestations de gratitude » et je propose des ateliers de reconnexion à la nature (IKEBANA – art floral japonais).
Pourquoi cet engagement ? Qu’est-ce qui te tient particulièrement à cœur ?
Professionnellement, je veux contribuer à un enjeu politique essentiel : réconcilier les antagonismes et ouvrir un dialogue fertile entre le passé, le présent et l’avenir; entre les sites et leur territoire … Avec toutes les parties prenantes du projet (porteurs, propriétaires, collectivités, financeurs, habitants, institutionnels, services de l’Etat, utilisateurs….). J’éprouve un grand plaisir à décaler les points de vue, ouvrir les consciences (sur le projet 😉) et embarquer les personnes par la créativité dans leur vision du monde.
Au-delà, j’aime butiner, rencontrer et comprendre… Pour chercher les voies de réconciliation
Qu’est-ce qui te manque, pour avoir « l’impact » dont ta cause a besoin ?
(Massifier !… Non, c’est une blague !)
Avoir la connaissance de plus de porteurs de projets qui cherchent des sites d’implantation pour leur projet social et qui pourraient venir enrichir le panel des activités qui émergent lors de nos études. Cela permettrait de faire converger deux demandes vers une opportunité de coopération.
Pourquoi as-tu rejoint l’opération Milliard ?
Je chéris particulièrement les projets qui « hackent » le système. Ni tout-à-fait dedans ni complètement marginaux, ils s’enracinent dans la bonne connaissance et maîtrise du système, et font un pas de côté salvateur par une autre manière de regarder puis d’agir !
L’opération Milliard fait partie de ces projets. La dimension économique et financière est fondamentale : diversifier les cibles des financements (réponse au diagnostic de la monoculture financière).
Tu es ambassadrice de l’opération Milliard dans le Val-de-Marne et Yonne. Pourquoi ?
Une évidence. Juste pour prendre part à l’aventure et participer à consolider le modèle qui repose sur nous, citoyens !
Je réside entre le Val-de-Marne (94) et l’Yonne (89). Il y a un enjeu fort sur les « territoires »… C’est-à-dire les territoires ruraux.
Qu’est-ce qui t’attache tant à l’Yonne, pourquoi l’aimes-tu ?
Il abrite ma « maison de famille » et a structuré ma vie. J’y ai travaillé 3 ans mais n’ai pas pu m’y installer, pour des raisons personnelles. J’ai passé mon diplôme d’architecte en 1998 sur la reconversion du moulin industriel de mon village par l’accueil de projets de territoires mixtes publics et privés – on appelle ça des tiers-lieux aujourd’hui 😉. A cette occasion, pour mon travail de diagnostic, j’ai sillonné la région et rencontré les élus, entreprises, associations, institutions publiques…
La France est très centralisée. Pourquoi les territoires sont-ils essentiels pour la transition juste ?
En filant l’idée initiale, je dirais : pour dé-MASSIFIER !
Sortir du centralisme pour aller vers « les territoires », c’est l’occasion de retrouver de la diversité « à tous les étages » et, notamment, de relocaliser. Je pense aussi que c’est une bonne manière de « prendre soin » que d’être capable de répondre très précisément à un contexte territorial, de façon ajustée et différenciée. C’est donc une opportunité d’activités économiques responsables qui redonne du sens et de l’enthousiasme.
Quel type d’ambassadrice es-tu ?
Une abeille qui fertilise en butinant, une randonneuse qui colporte joyeusement.
Si on réussit à lever 1 milliard, où en sera-t-on en 2027 ?
Question étrangement formulée ! Je serai une ambassadrice…
– fière de nous ;
– gonflée à bloc pour poursuivre l’atterrissage dans les projets ;
– enrichie par cette première partie d’aventure pour nourrir mon chemin…
En 2027, on en sera à célébrer cette étape… Puis tendus vers la 2ème, d’autant que ce sera l’élection présidentielle et l’enjeu territorial sera crucial.
Ton message à tes amis, ta famille et tes connaissances, aux Françaises et Français, pour qu’ils rejoignent le mouvement ?
Ce que j’ai dit à ma famille et mes amis jusqu’ici : arrêtez de vous plaindre, vous n’êtes pas impuissants ! Vous pouvez, devez, soutenir ce projet, car il est JUSTE :
– Il porte la justice sociale et environnementale, et c’est ce à quoi vous aspirez !
– La manière dont il se structure et sa méthode pour « hacker » le système est ajustée, à la bonne place.
Les recommandations d’Aline
Un film à recommander ?
Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent.
Ce film m’a vraiment sensibilisée à la nécessaire « diversité » dans tous les domaines de notre vie (ressources, énergie… mais aussi éducation, politique…).
Un livre ou une BD à recommander ?
Laudato si’, du Pape François.
Parce que nous devons “écouter le cri des Hommes et le cri de la Terre ».
Une chanson, un morceau, qui représente ton état d’esprit, ta vision du monde ?
Ose, de Yannick Noah
La solution est en nous !
Une citation qui incarne ton rapport au mode, ta conviction ?
“L’Homme est un animal curieux qui s’afflige des maux dont il continue d’adorer les causes.”
Boileau