Nous sommes le monde de demain

Préambule

Nous sommes des dirigeant·es et des militant·es de la transformation écologique juste. Nous agissons sur tous les territoires pour une transformation en actes de l’économie et de la société à travers des innovations sociales et écologiques, dans et hors des marchés économiques.

Nous avons besoin d’un milliard d’euros pour faire avancer la transformation écologique et sociale de notre économie. Nos innovations sociales sont puissantes, elles ont fait la preuve de leur utilité, elles doivent maintenant changer d’échelle pour préparer l’engagement la société tout entière dans des modes de production et de consommation compatibles avec la crise écologique et le juste désir de chacun.e à vivre une vie heureuse.

Nous devons, sous la contrainte de la crise écologique et des tensions sociales afférentes, faire profondément évoluer notre façon de vivre. Cette évolution doit être prise dans sa double dimension de la réduction des inégalités économiques et sociales et de la transformation écologique de notre manière d’habiter le monde.

Cette évolution concerne nos systèmes politiques, culturels et économiques. Elle aura lieu dans cette triple dimension, mais nous nous concentrerons sur la question de la transformation économique prise dans un sens large. Le sujet est de montrer comment nous produirons, comment nous consommerons et comment nous répartirons justement la richesse produite dans des sociétés humaines réduisant leur impact écologique.

Nos modèles orientés vers cette transformation juste sont cohérents pour trois raisons : 

  • ils ne visent pas l’enrichissement des personnes physiques : la crise écologique est une crise du capitalisme, il faut donc inventer un nouveau modèle économique, avec un nouveau rapport à la croissance, à la mesure de la valeur et à sa distribution ;
  • ils sont démocratiques : la transition écologique ne sera puissante que si elle est démocratique. Une transition écologique pilotée par le haut risque d’être soit insuffisante, soit autoritaire. Nous avons besoin d’un haut niveau de délibération et de décisions collectives ;
  • puissantes ils sont orientés vers une transition écologique juste : la question de la destruction des conditions de vie sur Terre est évidemment notre enjeu principal. Elle est indissociable de la question de la justice économique.

Les modèles que nous opérons sont donc crédibles pour répondre à une partie des problèmes de ce siècle : ils sont une ressource précieuse pour le monde de demain.

Pour autant : 

– nos actions ne s’inscrivent pas dans un référentiel commun de nature à bien nous relier et impulser une transformation systémique ;

nos moyens financiers sont en deçà de ce que demande une transformation écologique et sociale à la hauteur des enjeux ;

– et enfin, nos actions ne sont pas suffisamment en position d’étendre et transmettre leurs modèles, à la fois pour gagner en périmètre et pour s’inscrire dans le temps long.

Dans sa dimension la plus générale, le réseau que nous constituons vise donc à : nous relier, nous renforcer, nous étendre.

Cette visée doit s’appuyer sur trois principes : (1) un principe de réalité nous conduisant à concentrer nos forces sur des défis précis et remporter une à une des victoires concrètes ; (2) une méthode d’organisation de personnes qui est basé sur une horizontalité structurée, afin d’assurer la résilience du réseau à travers le temps et sa capacité à s’étendre sans perdre en puissance ; (3) un principe de subsidiarité (nous ne ferons pas à la place de) et d’alliance (nous ferons avec).

Si nous devons nous définir en quelques mots

Nous sommes une force civile d’action pour la transformation écologique juste de l’économie.

Nous nous sommes réuni·es pour financer massivement toutes les actions de transformation écologique et sociale afin de faire face à la crise écologique et sociale. Nous avons pour cela besoin de constituer une force pour embarquer un certain nombre d’acteurs financiers et institutionnels puissants et de constituer une capacité à distribuer les soutiens financiers et humains au plus proche des territoires et de leurs besoins.

Nous sommes déterminé·es, notre capacité transformatrice est grande et nous nous sommes uni·es derrière un objectif clair : réunir un milliard d’euros pour financer les projets de transformation écologique et sociale dont nous avons besoin.

Le caractère concret de cet objectif dit notre volonté d’être dans l’action : nous ne sommes pas un parti politique. Toutefois, notre puissance transformatrice fait de nous une force civile de dimension politique et nous assumons ce rôle.

Un milliard d’euros est un moyen et non une finalité : notre ambition est de transformer la société en transformant son modèle économique. Cette ambition passe toutefois en premier lieu par le succès de l’opération milliard, qui doit montrer notre capacité à faire et à rassembler et permettre ainsi de constituer notre force civile sur les bases d’une action commune.

Notre plan d’action

Axe 1 : se relier

Il existe de nombreux réseaux, collectifs, fédérations, etc. Notre sujet n’est pas de nous substituer à eux, mais de créer une alliance pour un objectif concret et cadré dans le temps : obtenir un milliard d’euros pour toutes les initiatives de transition juste. Tous les acteurs, tous les mouvements, tous les collectifs, toutes les fédérations sont invités à se relier à la démarche.

Toute alliance forte se construit sur l’écoute et celle-ci doit être au cœur de notre démarche. Pour comprendre ce dont ont besoin les initiatives de transition, pour faire naître des idées de qualité, pour susciter des convergences, pour montrer que nous sommes au service de l’intelligence qui se déploie tous les jours sur les territoires.

Objectif 1 : construire un récit commun de la transition écologique juste

Comment construire un récit qui puisse servir de fil rouge entre les milliers d’initiatives de transition sociale et écologique qui partout fleurissent sur les territoires ? Comment écrire la vision que partage par exemple une ferme en permaculture, un tiers lieu, une coopérative d’électricité renouvelable, une association de cyclo-logistique et une entreprise d’insertion œuvrant dans le ré-emploi ?

Il faut identifier et relier nos actions pour donner envie et préciser où nous nous rendons. Les éléments du récit sur la transition économique et sociale auxquels nous devons nous relier existent. Les mondes de la pensée, de la culture et des militances en ont livré des éléments. Comment les collecter et les articuler entre eux et les relier à nos actions concrètes ?

Action 1 : Gratter le fil commun de nos initiatives et ce qui fait qu’elles fonctionnent : sur quelles valeurs se déploient-elles ? Que cherchent-elles, au fond, à transformer ? Cette action vise à écrire notre vision d’un futur souhaitable. Comment voulons-nous vivre dans vingt ans ?

Action 2 : Sur la base de ce fil commun, construire des récits appropriables et inspirants qui nous permettent de sortir de l’entre soi et impliquer des personnes hors de l’ESS, ringardisent les récits dominants plutôt qu’ils n’entrent en conflit avec eux et enfin suscitent le désir plutôt que la peur de l’avenir.

Action 3 : Partager ces récits beaucoup plus puissamment que nous ne l’avons fait jusqu’à maintenant, par exemple en créant un média ou en reprenant et développant un média existant (cf action 9), en lançant une campagne d’adhésion, en documentant notre action… De façon générale, le partage de ces récits doit viser à faire renaître un sentiment de fierté chez beaucoup d’acteur·ices qui ont l’impression d’être soit relégués, soit dans l’incapacité de faire face à la crise écologique. Dans cette veine, il faudra veiller à ce que la forme de la transmission de nos récits permette son appréhension par divers publics, qu’elle soit engageante, disruptive, pédagogique, créative, etc.

Objectif 2 : articuler les réseaux et organisations existantes

Nombreux sont les réseaux déjà constitués. Nombreuses sont les organisations déjà en place. Notre sujet n’est pas de créer un collectif supplémentaire. Notre objectif est d’articuler sur la dimension économique un ensemble de réseaux et d’initiatives pour qu’ils puissent ensemble faire quelque chose qui n’est pas dans leur périmètre habituel: s’unir pour aller chercher un milliard d’euros.

Notre objectif est d’agréger, de façon simple, un grand nombre de réseaux et d’organisation dans une perspective d’action.

Action 4 : faire un état des lieux des réseaux existants de façon à tracer le périmètre d’action de chacun d’eux, ses moyens et les personnes qui le composent.

Action 5 : sur la base de l’action 4, travailler avec ces réseaux à l’articulation des actions de façon à réduire les zones de recouvrement et développer une capacité de mobilisation inter-réseaux. Dans ce cadre, penser quelques actions communes ou renforcement d’actions communes existantes. Ces actions pourraient permettre de montrer comment notre alliance accélère les transitions à plus grande échelle sur les territoires.

Action 6 : l’articulation de réseaux soit par la mise en place d’une nouvelle gouvernance commune, soit en s’appuyant sur des collectifs de réseaux pré-existants comme le Collectif pour la transition citoyenne ou le Pacte du pouvoir de vivre.

Action 7 :  l’articulation des organisations elles-mêmes passe par le croisement de gouvernances et de sociétariats. Ce sujet doit être travaillé en (1) cartographiant les gouvernances et les sociétaires impliqués dans la démarche et (2) en envisageant leur croisement effectif (personnes relais impliquées dans plusieurs gouvernances, croisement de parts sociales, appels à souscriptions croisées des sociétaires, etc.)

Objectif 3 : créer et faire vivre la confiance entre nous en partageant un réseau de lieux et un média commun

La résilience de notre réseau, sa capacité à accomplir une action forte : aller chercher un milliard d’euros, dépend directement de la confiance qui s’instaurera entre les personnes qui le composeront. La confiance ne se décrète pas, elle se construit dans le temps et dans l’espace. Il faut partager du temps, il faut partager des lieux.

Ces lieux sont également appelés à jouer un rôle central dans notre organisation. Ils doivent être autonomes dans leur fonctionnement. Ils doivent s’établir dans une pluralité de paysages et d’écosystèmes institutionnels. Ils doivent nous permettre de vivre notre double dimension économique et écologique. 

Notre objectif est de nous rencontrer, d’incarner notre ambition, et d’ancrer notre extension au plus proche des territoires, grâce à un réseau de lieux.

Action 7 : Constituer un réseau d’ambassadeur·rices former et outiller les ambassadeurs pour porter le message au premier kilomètre, notamment par la rédaction d’une charte d’engagement.

Action 8 : identifier deux cents lieux et travailler avec eux pour y donner à voir notre modèle en y présentant les projets que nous soutenons, en y organisant des formations à nos modèles et en les faisant rayonner via des événements festifs.

Action 9 : constituer un média commun, colonne vertébrale du réseau, qui nous permettra de partager notre récit, d’approfondir nos analyses, de donner à voir nos actions. Ce média pourrait utilement naître de la rencontre de plusieurs médias existants dont la cartographie est à faire.

Axe 2 : se renforcer

Objectif 4 : mieux connaître les besoins de financement des organisations agissant pour la transition écologique juste

Nous allons financer massivement nos initiatives de transition socio-écologiques. Nous allons trouver de l’argent. Mais avant même d’aller convaincre citoyens et bailleurs de fonds, il nous faut préciser notre besoin de financement. Le financement d’une association n’est pas la même chose que le financement d’une coopérative, qui n’est pas la même chose que le financement d’une entreprise sociale. Et ce n’est que le premier niveau de distinction. Car il faut encore ajouter l’objet social : financer une coopérative de circuit-courts n’est pas la même chose que de financer une coopérative d’agro-foresterie.

Notre but est de faire remonter rapidement et de façon complète les besoins de financement de l’ensemble des acteurs qui travaillent à la transition écologique et solidaire et de qualifier ces besoins dans la perspective d’une action de financement (urgence du besoin, qualité sociale, écologique et économique du projet, etc.).

Action 10 : comptabiliser dès à présent les fonds levés par nos initiatives ;

Action 11 : recenser et qualifier les besoins de financement en mobilisant les citoyens afin de mieux “s’ouvrir” aux besoins réels et d’avoir un “regard citoyen” sur le financement de la transition juste. Pour cette mobilisation, s’appuyer sur les réseaux d’accompagnement, têtes de réseaux sectoriels et territoriaux et financeurs existants. Travailler à la priorisation des besoins.

Action 12 : écrire notre thèse d’investissement. Il nous faut prioriser les besoins en s’appuyant sur la mesure de l’utilité sociale/écologique et en mettant en jeu des mécanismes démocratiques pour finaliser la priorisation

Action 13 : s’appuyer sur la comptabilité multi-capitaux pour suivre la création de valeur intégrale de nos initiatives et pouvoir en rendre compte.

Action 14 : mettre en place une méthode de documentation des projets qui permette de capitaliser sur les expériences et assure une portée dans le temps à ce que nous construisons.

Objectif 5 : mieux connaître les besoins et attentes des épargnants, financeurs et autres organisations vis-à-vis d’une transition écologique juste

Nous souhaitons financer massivement nos initiatives de transition socio-écologiques. Chaque année, les français épargnent 160 Md€ pour un stock d’épargne au 31 mars de 6 000 Md€. Avant d’aller convaincre citoyens et bailleurs de fonds d’orienter une part de ce flux vers nos projets, il nous faut comprendre les motivations, attentes des épargnants, investisseurs et financeurs ainsi que leur compréhension des enjeux d’une transition écologique juste. Il nous faut connaître les circuits de financement et d’épargne, les critères de décision, d’orientation de l’épargne et plus globalement ce que deviennent ces milliards.

Notre but est d’identifier comment notre initiative est à même de répondre à des besoins et attentes des financeurs non satisfaits à date et mieux cibler ensuite les flux que nous adresserons.

Action 15 : Identifier les attentes des citoyens et individus quant à leur épargne. Identifier leurs motivations et buts dans leur épargne. Comprendre leurs attentes quant à la transition écologique et leurs motivations à agir via leur épargne pour une transition juste.

Action 16 : Identifier les contraintes et obligations pesant sur les acteurs institutionnels quant à la transition écologique et plus largement les contraintes sociales.

Identifier les tendances et envies de ces acteurs dans nos domaines.

Identifier les opportunités et solutions que peuvent constituer nos projets pour les investisseurs.

Action 17 : Cartographier les flux d’épargne et d’investissement et identifier les flux à cibler suite aux actions 11 & 12

Objectif 6 : établir la forme du Fonds : créer un Fonds ad-hoc, articuler différents Fonds ?

Nous allons lever un milliard d’euros pour financer les organisations qui œuvrent pour la transition écologique et sociale. Par-delà le renforcement de notre capacité de transition, ce milliard doit nous permettre de faire bouger des lignes institutionnelles auprès des bailleurs de fonds et de montrer aux citoyen.ne.s qu’ils ont une capacité d’action sur la finance. 

C’est pourquoi l’initiative doit conduire à une gouvernance démocratique des fonds levés et se fonder sur les milliers de citoyen·ne·s qui auront investi dans le fonds. Les critères d’investissement devront également être définis démocratiquement.

Cette dimension démocratique peut être obtenue de différentes manières et ne préjuge pas de la forme du Fonds. Doit-il s’agir d’un Fonds unique ou d’un ensemble de Fonds dont les actions seraient articulées de façon démocratique ?

Action 18 : créer des espaces de dialogues entre les financeurs et les porteurs de projets visant à bien connaître les outils financiers existants, penser ensemble ceux qui manquent et améliorer le suivi des investissements. 

Action 19 : définir des leviers d’incitation pour l’apport des fonds et les conditions auxquelles les financeurs peuvent contribuer au fonds

Action 20 : préparer la constitution du véhicule financier en travaillant à sa gouvernance pour qu’elle respecte son principe citoyen, établir sa forme juridique, établir les principes de la thèse d’investissement, établir une méthode pour que les fonds puissent être, rapidement, investis dans les projets.

Action 21 : soutenir les monnaies locales ou alternatives à l’euro en versant un pourcentage à déterminer des fonds collectés sous la forme de ces monnaies.

Axe 3 : s’étendre

Objectif 7 : constituer notre organisation territoriale

Nous sommes 1000. Nous serons bientôt 3000, puis 5000. Comment organiser cette extension sur tous les territoires ? Car il ne faut laisser aucun territoire de côté. Il nous faut être à la fois très efficaces tout en ne gommant pas les spécificités territoriales.

Comment organiser notre présence sur les territoires ? Quelle granularité pour notre implantation territoriale ? Comment ne laisser aucun territoire de côté ?

Action 22 : organiser, en lien avec des initiatives similaires, un tour de France pour restituer aux territoires ce que nous sommes en train de constituer. Ce tour devrait également mettre en lumière les initiatives locales pour alimenter le récit commun.

Action 23 : mobiliser les groupes et acteurs présents localement pour animer les dynamiques territoriales. La bonne échelle semble être celle des bassins de vie.

Action 24 : une consultation des lieux et des ambassadeurs mobilisés dans le cadre de l’objectif 3 devra être organisée pour penser cette organisation territoriale. 

Objectif 8 : construire une gouvernance adaptée à notre extension

Il n’y a pas de “bonne gouvernance”. Il y a des gouvernances qui sont bien adaptées à la spécificité des projets qu’elles emmènent. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas commencé par définir la gouvernance de notre projet, mais voulu attendre de mieux savoir ce que nous sommes et ce que nous voulons faire ensemble pour la définir.

Notre gouvernance doit nous permettre d’emmener un collectif territorialisé de 5000 personnes physiques reliées par un objectif simple, mais exigeant : obtenir un milliard d’euros puis les distribuer en faisant bouger les lignes institutionnelles des grands bailleurs de fonds.

Notre objectif est d’installer dans les prochains mois une gouvernance qui assure au projet résilience et efficacité. Elle essaiera également d’être exemplaire dans sa représentativité.

Action 25 : travailler sur la diversité et l’inclusivité des membres de notre réseau afin que toutes les visions de la transition puissent s’exprimer dans les choix de financement et que les projets financés couvrent véritablement l’ensemble des problèmes d’inégalités économiques et écologiques qui traversent les territoires français.

Action 26 : modéliser des gouvernances nouvelles, pensées pour l’action et qui ont déjà fait leurs preuves dans des initiatives complexes. 
Action 27 : organiser une Constituante pour établir la gouvernance du réseau et du fonds.