De la startup nation à la transition juste, découvrez notre déléguée générale Violaine Pierre. Une femme qui se charge de « faire avancer les discussions qui vont au bout des choses » essentielles : l’argent, au service de celles et ceux qui prennent en charge ce qui compte vraiment.
Qu’est-ce qui est malade dans notre modèle économique ?
Il crée des inégalités en constante hausse et ne respecte pas les limites planétaires. Nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes installés et, pour nous mettre sur une trajectoire plus viable, nous en sommes rendus à devoir compter sur le bon vouloir des milliardaires.
Qu’est-ce qui t’a amenée à t’engager dans la transition juste ? Un déclic ?
J’ai évolué auparavant dans le milieu de l’entrepreneuriat et de la tech (j’ai monté deux entreprises, une aux USA et une en Angleterre), et j’ai d’abord pensé le problème du dérèglement climatique sous l’angle techno solutionniste. J’avais confiance dans la capacité des entrepreneurs à proposer des solutions qui répondent au défi écologique. J’ai mis 10 ans pour faire un cheminement qui m’a amenée à remettre tout cela en question.
Ce cheminement est passé par la constatation que l’on ne peut pas compter sur une poignée d’individus (même les entrepreneurs les plus aguerris) pour notre salut collectif, et que l’urgence climatique nécessite que l’on repense radicalement notre manière de produire, consommer, et de répartir les richesses.
Je suis arrivée à la transition juste, et j’ai le sentiment d’avoir tiré la réflexion jusqu’au bout des choses, d’être arrivée à la racine du problème.
Que fais-tu aujourd’hui, professionnellement, pour faire avancer une transition juste ?
Déléguée Générale de l’opération Milliard, je fais de mon mieux pour faire avancer les discussions qui vont au bout des choses sur le sujet !
Qu’est-ce qui t’anime, ici et maintenant ?
L’opération Milliard est pour moi avant tout un mouvement d’espoir, qui redonne du pouvoir d’agir à un ensemble d’acteurs, avec la volonté de reprendre en main la question des financements, et d’ouvrir des discussions franches et constructives avec les financeurs.
Chacun.e doit prendre ses responsabilités dans la période que nous traversons, l’opération Milliard propose aux organisations de terrain et aux financeurs de prendre les leurs. Et de le faire par la co-construction, l’écoute, la confiance.
Pourquoi as-tu rejoint l’opération Milliard ?
Exactement pour les mêmes raisons que Fanny Bénard ! « Parce qu’enfin on pouvait parler d’argent et se le réapproprier. Et se réapproprier le langage de la finance, pour ne pas laisser gagner ceux qui le maîtrisent. »
Qu’est-ce qui te manque, pour avoir l’impact idéal ?
Du temps, bien souvent !
Tu vis en Picardie. Qu’est-ce qui t’attache tant à ton territoire ?
J’habite dans un village de 2000 habitants entre Creil et Compiègne. Nous sommes entourés de forêts, de petits lacs, et de beaux paysages, que le temps souvent maussade n’assombrit pas !

Dans une France très centralisée, pourquoi les territoires sont-ils essentiels pour la transition juste ?
L’identité territoriale est extrêmement importante, ce sont nos voisins, nos relations amicales, parfois nos familles, bref, nos liens sociaux, qui sont ancrés dans ce territoire. Se sentir fier d’appartenir à un territoire, vouloir y développer des projets qui nous unissent les uns aux autres et au vivant, est crucial.
Si on réussit à lever 1 milliard, où en sera-t-on en 2027 ?
En mobilisant un tel montant, nous montrons qu’une autre manière de faire l’économie est présente sur les territoires, nous la finançons et lui permettons ainsi de se renforcer, se développer, essaimer… Jusqu’à, un jour, devenir la norme.
Au delà du pur chiffre comptable, c’est une question de fierté et reconnaissance pour les acteurs qui travaillent dans les territoires avec peu de moyens (et des financements globalement en baisse), et parfois peu de soutien des pouvoirs publics.
Ton message à tes amis, famille et connaissances, aux Françaises et Français, pour qu’ils rejoignent le mouvement ?
Rejoignez-nous pour apprendre, construire, coopérer. L’objectif est ambitieux et la pente est raide, mais la route est belle, on vous attend !
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Film, livre, musique, figures inspirantes et leitmotiv : les recommandations de Violaine Pierre ⏬
Un film à recommander ?
J’ai aimé L’Histoire de Souleymane récemment. Il fait appel à notre fraternité, parfois oubliée !
Un livre ou une BD ?
Ralentir ou Périr de Timothée Parrique m’a beaucoup aidée à basculer vers la transition juste !
Une chanson, un morceau, qui représente ta vision du monde ?
J’aime beaucoup « Il changeait la vie » de Jean-Jacques Goldman. Ca se concentre sur ce qui compte vraiment !
Une figure qui t’inspire profondément ?
J’aime le courage et l’avant-gardisme de Marlène Engelhorn, héritière de l’empire BASF qui se bat pour la taxation des fortunes.
[NB : Marlène Engelhorn a aussi fait don de 25 millions d’euros, une grande partie de son héritage, à des organisations d’intérêt collectif ! Et les affectations de cet argent ont été décidées par une assemblée citoyenne représentative de la population autrichienne – son pays.]
Plus proche de chez moi, le maire Fabrice Dalongeville et son combat pour la publication des Cahiers de Doléances est une inspiration !
Une phrase qui incarne ton engagement ?
« Agissez comme si vous ne pouviez pas échouer. » Claude Alphandéry !
NB : « Agissez comme si vous ne pouviez pas échouer », c’est le titre d’un projet de film documentaire sur l’héritage de Claude Alphandéry. Vous avez jusqu’au 27 juin pour le soutenir afin qu’il se réalise ! onagit.org
🕵️ Le profil LinkedIn de Violaine
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